Théorème 39 :
« Le mal... C'est pas bien. »
Après Mines-Ponts et Centrale-Supelec, nous autres taupins avons continué à nous lever tôt pour... les Concours Communs Polytechniques, ou CCP.
Par rapport aux deux semaines qui avaient précédé, les sujets étaient dans l'ensemble bien plus faciles (pas toujours, nous avons quand même rencontré quelques questions tordues !), parfois beaucoup plus proches du cours (ce qui n'est pas toujours un bien : ça demande une parfaite connaissances des hypothèses des théorèmes que l'on veut utiliser, et, lorsqu'il s'agit de démonstrations de cours, elles doivent être impeccables pour rapporter des points). Au final, enchaîner trois concours comme ça, ça veut dire une semaine de plus avec deux épreuves de maths, deux épreuves de physique, deux épreuves de chimie (!), une de français (on finit par s'habituer à faire des plans en un minimum de temps...), une d'anglais LV1 (beaucoup plus speed qu'à Centrale), et... Une épreuve de LV2 !
Commençons par évoquer cette dernière, donc.
L'épreuve de LV2 facultative se présente sous la forme d'un QCM d'une heure. La moitié des questions concerne la compréhension d'un texte, le quart est orienté grammaire, et la dernière partie consiste en du vocabulaire.
L'ennui avec ces dernières questions, c'est que parfois, on comprend les mots du texte, mais pas ceux qui sont proposés en synonymes ! Ensuite, pour la compréhension, on s'y prend parfois un peu au hasard, en choisissant la réponse dans laquelle on trouve à peu près les mêmes mots que dans le texte... D'ailleurs, le texte d'allemand parlait d'une balle qui volait par la pensée. Youpi.
Mais, à CCP, il faut souligner quelque chose de remarquable : les surveillants auxquels beaucoup d'entre nous avons eu affaire étaient bien pires qu'à Centrale. Les trois qui étaient dans ma salle envoyaient du rêve !
Dès la première épreuve, elles ont eu la gentillesse de nous expliquer comment remplir les en-têtes des copies : "A "nom", vous écrivez votre nom. A "numéro du candidat", vous écrivez le numéro qui est sur votre convocation." etc...
A suivi, lors d'une épreuve, une scène hilarante avec une porte fermée comme sujet principal. (je ne la raconterai pas, c'est méchant, et être méchant c'est mal, alors que le mal, c'est pas bien).
Enfin, nos trois surveillantes semblaient profondément s'ennuyer lors des épreuves (ce qui est fort compéhensible, elles durent jusqu'à quatre heures et elles n'ont pas le droit d'y introduire le moindre document). Elles s'occupaient donc en lisant scrupuleusement tout ce qui était affiché dans la salle (notamment des affiches d'écoles d'ingénieur), mais aussi sur le tableau en liège du fond (résultats aux concours de la classe de l'an dernier, notes des derniers DS, khôlloscope...).
L'ennui, c'est qu'elles lisaient tout ça en commentant tout, tout tout : "Ah, celle là a un joli prénom, lui il a des bonnes notes, lui il est nul, elle a beaucoup progressé, ha et tu as vu sa note de français...". Pas de chance pour elles, il y avait une mouette qui composait juste derrière, et qui s'est mise à râler...
"Excusez-moi..."
"Oui, vous voulez une copie ? Un brouillon ?"
"Non, juste vous demander s'il est possible que vous alliez discuter dehors, s'il vous plait, parce que là, c'est un peu dérangeant..."
Air outragé de ces trois dames dont on a osé interrompre la conversation. Elles se sont ensuite chacune assise dans un coin de la salle avec une mine boudeuse (c'est vrai, quoi, comment est-ce qu'on peut oser leur demander de se taire alors qu'il y a des gens qui passent des concours dans la même salle ?).
Et au long de la semaine, en neuf épreuves, il a été nécessaire de leur demander quatre fois de se taire. Là, on regrette les surveillants centraliens dont les allers-retours incessants mais presque silencieux n'étaient pas si dérangeants que ça...
A quoi s'attendre avec E3A ? (qui démarre mardi prochain...)
Sinon, enchaîner trois semaines de concours, c'est dur. A la fin, vous en avez complètement marre, vous mourrez d'envie de bacler les épreuves pour sortir en avance (mais vous ne le faites pas, parce qu'après tout, vous aimeriez bien intégrer sur CCP...), vous êtes complètement sur les nerfs, vous atteignez un niveau de fatigue équivalent à celui du mois de décembre...
La semaine suivante était consacrée au concours X/ENS(/ESPCI), que je n'ai pas passé. Concours avec quatre épreuves de maths, douze épreuves de physique et cinq de chimie... Oui parce que, si vous jetez un oeil aux notices, il y a des épreuves qui comptent pour l'X et l'ESPCI mais pas pour l'ENS, des épreuves qui comptent uniquement pour Ulm, des épreuves qui ne comptent que pour Cachan et Lyon, des épreuves qui ne comptent que pour Lyon et Ulm, des épreuves qui ne comptent pas (non, ça c'est n'importe quoi)... Bref, si vous y comprenez quelque chose (ça doit être la première épreuve !) et que vous vous rendez aux bonnes épreuves à la bonne heure, vous pouvez déjà considérer que vous êtes assez brillant pour être admissible.
Notons enfin qu'en PSI, la première épreuve consiste surtout à ne pas se tromper dans les dates du concours et à se présenter dans la salle d'examen les bons jours (c'est pas donné à tout le monde !).