Théorème 9 :
Etude du khôlleur faidherbard.
Deux fois par semaine, le taupin moyen se retrouve réuni avec deux de ses camarades pour participer à un match les opposants à un professeur. Pour les PCSI-chimie, nous alternons une semaine maths/chimie et une autre physique/anglais.
La khôlle, durant environ 60 minutes, consiste en sciences à se couvrir de craie en barbouillant un tiers de tableau avec le moins d'âneries possible, et en anglais à trouver des choses interessantes à dire sur un article paru récemment. Tout le monde se souvient de sa première khôlle, plus ou moins traumatisante (pour moi, ce fut les maths, avec mon prof, et je n'avais pas fait grand chose...), mais ensuite, on les enchaîne sans trop stresser (enfin, ça, c'est ce qu'on dit aux autres. Dans mon groupe de khôlle, en tout cas, on se ronge toujours les ongles devant la porte...).
Enfin, ce qui est interessant, c'est de comporter le comportement des différents khôlleurs.
Il y a ceux qui s'en vont au bout de cinq minutes, et qui reviennent une demi heure après (où sont-ils partis ? Mystère...). Vous, bien sûr, ça fait 20 minutes que vous coincez devant votre exercice et vos camarades ne voient pas non plus comment avancer.
Il y a ceux (celui...) qui vous donne un exo bidon, qui raconte sa vie pendant quarante minutes et qui vous met 12 à la fin.
Il y a ceux qui ne notent jamais en dessous de 11... Mais jamais au dessus de 14. Et ceux qui utilisent tout le panel des notes. Vous voyez ainsi un camarade revenir avec un 19, et un autre avec un 2.
Il y a ceux qui vous mettent 4 deux fois de suite, mais pour vous rassurer, il vous expliquent que vous avez progressé : en effet, cette fois, vous méritez votre 4 !
On a ceux qui ont leurs manies, qui vous demandent toutes les cinq minutes "tu es sûr de toi ?", qui vous donnent une méthode selon eux beaucoup plus simple que celle que vous appliquez... Mais bien sûr, vous ne comprenez rien à celle-ci, ceux qui enseignent en lycée et qui vous disent "Ca, mes élèves de première, ils savent le faire !" à chaque fois que vous bloquez, ceux qui vous donnent toujours des exos sans rapport avec le programme de khôlle, ceux qui vous donnent deux fois de suite le deuxième exercice sans s'en rendre compte...
Il y a les khôlleurs avec lesquels vous avez les dents serrés pendant une heure et ceux avec lesquels vous pouvez parler et plaisanter en plein milieu de votre exercice.
Une fois, j'ai piqué un fou rire en khôlle d'anglais, le prof était convaincu que j'étais désespérée par ma performance (il faut dire qu'elle n'avait pas été terrible...) et il m'a fait un très long speech sur le fait que je ne devais pas me décourager et que j'allais progresser.
Il y a la première khôlle de français et les questions bizarres, "Qu'est-ce qui vous angoisse ?" (Vous voulez vraiment la liste ?), "Allez-vous souvent dans les musées ?" (oui, bien sûr, entre la fin de ma khôlle à 19 heures et le début de la perm à 20 heures...), "Avez-vous des opinions politiques ?" (Qui n'en a pas ?).
Que dire encore sur les khôlles ? On a tous des khôlleurs que l'on apprécie beaucoup, et d'autres avec lesquels le courant passe moins. Mais dans l'ensemble, les impressions sont partagées, et certains plus redoutés que d'autres. On prend l'habitude de s'adapter, de se forcer à ne pas grincer des dents "Mais... C'est pas au programme de khôlle..." et à avoir l'air très enjoué et enthousiaste (comme si rien ne pouvait nous faire plus plaisir qu'être là, devant ce tableau, à parler de l'hydratation d'un alcène...). Toujours est-il que même si elles ne nous font pas toutes progresser (j'ai une fois ou deux passé une heure avec l'impression de perdre mon temps...), elles nous forcent à apprendre notre cours régulièrement. Même si on est comme moi et qu'on a la facheuse habitude d'être très irrégulier au niveau de l'avancement des matières...
(NB : j'ai essayé le mois dernier, s'évanouir en khôlle n'aide pas. Ca ne sert à rien, et de toute façon, après vous avoir traîné dans le couloir, vous camarades devront revenir à leur tableau. N'essayez pas. Si vraiment vous êtes désespéré, il y a un petit écriteau en haut de chaque tableau, avec le numéro du fabricant et une inscription : "A chaque problème, il y a une solution." Si vous êtes complètement perdu, fixez la résolument en esperant que la solution vienne d'elle même s'inscrire sur le tableau...)