Théorème 3 :
Je suis en maths-sup.
Enfin pas encore, mais dans... 7 jours.
Ca fait bizarre, quand même. Quand j'avais 14 ans, mon père m'a une fois baladée pour voir un de ses copains de promo (oui, il aussi il a "fait" maths-sup/maths-spé, puis il a intégré ECP), dont les deux enfants avaient respectivement 18 et 22 ans. L'aîné était en école d'ingénieur, il était passé par la taupe. La seconde était en "maths sup". A l'époque, je me disais "brrrrrr, elle doit faire des maths toute la journée" et je m'imaginais un immense amphithéâtre rempli de jeunes adultes supra-intelligents qui étudiaient des problèmes de très haut niveau.
Et voilà, dans une semaine, j'y serais. Finalement, moi ça m'enthousiasme plus qu'autre chose, mais mon entourage a une réaction différente.
Ma belle-mère méprise plus ou moins la prépa scientifique. Déjà, on fait des sciences, peuh. Et en plus, nous sommes tous d'incroyables gamins (je n'aurais peut être pas du lui parler du folklore faidherbard), et nos classes sont à 50, on voit des profs toute la journée, bref, rien à voir avec la fac. "Moi, à 18 ans, j'en avais marre du lycée, des lycéens, j'avais envie de m'en aller et de grandir vite fait." J'aurais du lui rappeller que les classes de maths-sup ne sont pas composées de khrâsseux (prépa-bac. Lycéens, en somme).
Sinon, dans la famille, les yeux s'ouvrent grand, d'admiration.
"Alors, tu as eu ton bac ? Tu vas dans quelle ville l'année prochaine ?"
"Oui, je l'ai eu, et je vais à Lille."
"Oh Lille, c'est une très jolie ville ça ! Y'a de grandes rues commerçantes, plein d'endroits sympa... Et tu vas y faire quoi ?"
"Maths sup."
Là, les gens se divisent entre ceux qui me regardent d'un air désolé, conscients que je ne profiterai pas de ces rues commerçantes trois fois par semaine (en même temps, je n'y viens pas pour ça...), et ceux (je dois avouer que dans ma famille, ils sont majoritaires...) qui s'adressent à moi avec une espèce d'admiration. Maths sup, c'est l'élite, bah tiens. Ils me voient déjà à Polytechnique, en uniforme, major de ma promo et couverte d'honneur, c'est certain. Là, je ne leur ai pas dit qu'il y avait deux ou trois ans d'études avant d'être intégrée, et que l'X avait peu de places, qu'il existait un tas d'autres écoles d'ingénieur très bien, tout ça. Gardons les dans l'idée que "je suis l'élite" et ne précisons pas que les taupins sont très nombreux en France. Bref, on est plein à "être l'élite", tout comme les autres prépas (TK paysans...).
Et sinon, du côté de mes amis, ils sont plus réalistes. Déjà parce que je suis loin d'être la seule à aller en prépa, ensuite parce qu'on en a parlé et qu'ils évitent de se baser sur les premières idées reçues. Et puis on en rit pas mal. Oui, comme je suis bordélique, ma chambre-placard (je l'ai visitée hier, d'ailleurs, je posterais des photos quand je m'installerai, mardi prochain...) risque très vite de se transformer en champ de bataille miné.
Sur ce, je retourne lire mon ami Simmel, bientôt terminé.
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