Définition 7 :

"Ce qu'ils voient."

J'ai occupé mon retour en regardant le reportage d'Envoyé Spécial, réalisé sur une année dans une classe de BCPST1 (1ere année d'aggro) et une de khâgne B/L (Lettres et sciences sociales). C'était...

En réalité, ce reportage permet surtout de continuer à colporter les images qui circulent trop sur la prépa. Il semble que les élèves travaillent sans relâche jusqu'à deux ou trois heures du matin, qu'ils sont très perturbés, vraiment mal dans leur peau (voire l'intermède avec l'infirmière...), que les profs sont sadiques, que les préparationnaires sont une élite totalement à part, qu'ils ne communiquent plus avec le monde. Les élèves semblent rentrer chez eux le week-end totalement exténués, déprimés, qu'ils vivent sans respirer en attendant le saint-graal, ULM ! Quant aux aggros, j'ai été assez choquée par le taux de refus en seconde année (il faut quand même préciser que, de manière générale, presque tous les élèves sont pris en seconde année, et presque tous ont leurs crédits ECTS...).

"Aller à l'infirmerie, c'est déjà perdre du temps !" Dans ma classe, nous avons un élève qui fait plus d'une heure de sport par jour... Ce qui ne l'empêche pas d'être dans les premiers en physique, et il a le temps de travailler. Oui, on peut s'en sortir (et beaucoup mieux...) en dormant la nuit, en prenant le temps de manger aux repas, en voyant ses amis, en prenant un peu de bon temps. Etrangement, dans le reportage, le seul élève qui semble avoir une vie "à côté" (attention, il prend le temps de jouer de la musique tous les jours !) est recalé à la fin de la première année. Comme si, en s'offrant une distraction, on flingait ses études...

Enfin, bien évidemment, le reportage a été réalisé dans une "parisienne" (Lakanal) qui n'est pas forcément très représentative des lycées français. Oui, il existe des prépas de bon niveau ailleurs qu'à Paris, et non, toutes les prépas de Paris ne sont pas l'assurance d'avoir les meilleures écoles (d'ailleurs, répetera-t-on jamais assez que c'est l'élève qui passe les concours, et non la prépa...). Pour ceux qui sont interessés par le reportage, il est visionnable ici (et vous pourrez admirer les beaux locaux du lycée au passage).

Comments

[Mamanorglerin]

C'est rassurant pour une maman, d'enfant désirant intégrer une prépa, de vous lire après avoir vu avec lui ce reportage.
Nous allons désormais relativiser et attendre de voir de visu ce qui l'attend !
Merci à vous de l'avoir écrit et aux autres de l'avoir commenté !

[Ju']

L'ennui, c'est que ce genre de reportage ne se vend pas...

[Sophie]

Et c'est justement ça le problème de ce reportage, je suis tout à fait d'accord! Ce qui aurait pu être intéressant, ça aurait été d'essayer de montrer comment s'est enracinée cette vision "grand public" de la prépa et d'essayer de faire la part des choses, de décortiquer un peu tout ça sans basculer pour autant dans les grands extrêmes "meilleur des mondes tout rose" // "purgatoire et usine à reproduction d'élites".
Mais l'assise de lieux communs, passant par la déformation de la réalité, d'expériences personnelles jusqu'à la généralisation et au cliché, semble mieux réussir...
Et pourquoi pas un reportage sur les classes prépa par les classes prépa? =D

[Ju']

@Sophie : ce qui me gêne, c'est que si tu fais attention, on voit bien que les questions sont très orientées, on cherche à faire dire aux élèves et aux profs certaines choses (je cite : "et vous n'avez pas l'impression de participer à la reproduction des élites ?"). Il y a des cas très exceptionnels, mais le reportage s'est penché là dessus. Sur l'élève dont la vie dépend de sa note au DS de maths, sur celui qui galère toute l'année et finit par être viré, sur celle qui s'isole dans un couvent (à noter, j'ai eu l'occasion d'échanger quelques phrases avec elle, elle y a passé 3 jours, pas un mois...)... Et on les présente comme des cas généraux. D'un côté la réussite brillante de certains éléments, de l'autre ceux qui se font pietiner et jeter...
Camille a très bien commenté le reportage =D.

@Ed : Je suis d'accord avec toi : tous les khâgneux n'ont pas l'ultime objectif d'avoir l'ENS un jour.

[Ed]

Quel que soit le thème, il y a toujours des clichés dans les reportages télé. Faut bien vendre sa soupe !
Que tu sois heureuse en prépa, tant mieux !
en khâgne, mes élèves vont maintenant, il me semble, chercher une possibilité d'aller en licence en étant "suivi, poussé" un peu comme au bahut, ils n'espèrent pas intégrer l'ENS.
... et ils ne sont pas déçus.
Il y a bcp plus de prépas que quand j'étais élève, donc je suppose que les profs sont conscients que l'objectif de leurs élèves (Devrais-je dire étudiants ?) ne sont plus les mêmes.