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Journal d'une taupine - Quand la mouette part en taupe...
17 juin 2010

Théorème 25 :

"L'eau a une très grande anomalie : les glaçons flottent dans le whisky !"

(par JF. B., professeur de physique dans le même zoo)

Remise du DS de physique n°9, jeudi après-midi.

La cérémonie commence comme d'habitude : le professeur arrive avec la pochette de la couleur des DS corrigés. Tout le monde se recroqueville un peu sur sa chaise. Il pose ses affaires sur la paillasse et commence tout de suite à corriger certains points de ce devoir, parlant des problèmes les plus importants, des erreurs commises le plus souvent, des notions à maitriser absolument...

Ce devoir comportait, entre deux autres, un problème issu du concours Polytechnique 2010, section PC. La notre, ou, du moins, celle de la grande majorité de la classe. Au fur et à mesure que le professeur corrige, on échange des regards, j'entends, de partout, se murmurer des "j'ai rien fait !", "olala, je ne suis même pas arrivé(e) à là !", "je crois que j'ai fait cette erreur..." et autres "aïe, moi je suis tombé(e) dans le piège...". Les visages pâlissent un peu, je garde la tête dans mes bras : je suis fatiguée, un peu blasée, et de toute façon, en physique, j'ai toujours entre 3 (quand j'ai vraiment raté) et 7 (quand j'ai vraiment réussi). Je suis toujours entre la 35 et la 40ème place, j'ai une ou deux fois culminé après. Alors bon, les descriptions d'erreurs, j'ai bien l'impression que je les ais toutes faites, je n'ai trouvé aucun des résultats qui trônent au tableau, et le corrigé qui nous est distribué, entièrement détaillé, ne me rappelle rien de connu. Comme d'habitude, en fait. Ca ne me heurte plus, j'ai bien compris que la physique s'était fâchée avec moi depuis un moment, je ne lui en veux pas. Moi, elle continue à m'intéresser, je continue à galérer, mais tant pis.

Vient "enfin" le moment tant attendu de la remise des devoirs, celui où l'on a l'impression que tout le monde peut avoir un infarctus à chaque instant. La tension devient tellement dense qu'on a l'impression de la sentir peser sur nos épaules. Le professeur, avec sa nonchalance tant aimée (parfois si haïe, surtout dans de tels moments...) marmonne : "Bon, la moyenne est autour de 10, les notes vont de... 1.9 (je marmonne un "ça, c'est moi") à... 20. Il y a deux 20." Les regards se tournent vers les deux majors potentiels.

Il commence, comme d'habitude, par le cinquième, jusqu'au premier. Pas de grande surprise, l'un des deux 20 est même un "20+". Non pas qu'ils aient tout fait, personne ne finit jamais nos devoirs, mais le professeur arrange le barême en fonction des résultats, s'il juge que la meilleure copie vaut la note maximale.

Il passe ensuite au dernier, pour remonter dans l'ordre jusqu'au 6ème. Là, j'ai l'habitude, je compte les gens qui passent, pour savoir combien de personnes sont derrière moi. En général, mon nom ne tarde pas à venir. Je compte, donc, et je ne comprends pas. "10... 11..." Je jette un regard surpris à mon voisin, qui me fait un sourire. "Hé, tu as peut être réussi !" - "Non, ça m'étonnerait, il a du perdre ma copie. Ou alors elle est tellement mauvaise qu'il veut me la donner à la fin du cours pour me demander comment j'ai pu écrire des choses aussi débiles." Non pas que ce professeur soit méchant, ou sec, ou méprisant : jamais il ne l'a été, avec aucun de nous, même quand nous sortions des abbérations en khôlles, même quand nous étions dans les bas-fonds de la médiocrité. Il est juste sincère, et quand ce qu'on a fait est insuffisant, il n'hésite pas à le dire. Sans aucune méchanceté, sans insister, mais sans prendre de gants non plus. Alors parfois, quand on s'est planté, c'est sûr que ça peut faire mal...

La liste des noms continue de se dérouler, j'ai de nouveau la tête dans les bras. Ca y est, j'ai complètement raté. Il ne va pas me rendre ma copie, il va l'afficher dans son appartement en annotant que je suis l'élève la plus désespérée qu'il a rencontré dans sa carrière. Je suis fichue. Qu'est-ce que je vais faire l'an prochain, si j'ai foiré à ce point ? J'arrête carrément de réflechir et je décidement d'attendre patiemment la fin de la remise des copies. Il a peut être perdu la mienne, ou alors il l'a oubliée chez lui, ou alors il a renversé son café dedans : je dois avoir donné la même performance que d'habitude, j'avais un semblant de bonne impression sur l'exercice de thermodynamique (oui, j'aime bien la thermo...), j'ai quand même du récupérer un minimum de point...

Il continue de rendre les copies. "Là, on passe la barre du 10/20." Ce n'est pas parce que la moyenne est de 10 que beaucoup de monde a au dessus. C'est juste que les 4-5 premiers montent parfois très haut, alors évidemment... Mes pensées continuent de vagabonder, jusqu'au moment où il prononce mon prénom. Hein ? J'ai un air ahuri. Quoi ? Comment ça, il me rend ma copie, là, maintenant ? Il me la tend avec un petit sourire et un simple "C'est bien, ça.". Je regarde. Il y a mon nom écrit dessus. C'est mon écriture. Il y a aussi écrit "11ème" et "12.4". J'ai un sourire. Léger. Je relis. Mon nom, mon écriture, 11ème. J'ai du mal à réaliser.

Quelques heures après, je suis toujours sur un petit nuage, en fait. Enfin, presque : le problème est que je ne comprend vraiment pas comment j'ai pu doubler la note dont j'ai d'habitude, puisque j'ai réellement l'impression d'avoir fourni le même travail en amont. J'ai l'impression que les trois heures de devoir se sont déroulées exactement comme d'habitude. J'étais sortie avec la même impression mitigée que d'habitude : "ouf, c'est terminé, mais c'est pas bien brillant...".

Quand j'étais au lycée, et que je recevais un 20, j'étais vaguement satisfaite, plutôt contente, mais je considérais que ce n'était pas exceptionnel. Là, je reçois un douze et demi, et je suis à deux doigts de fondre en larmes. Non, je n'ai pas pour but d'alimenter un vieux cliché, je ne veux pas faire croire (à tord) que tout le monde se prend de grosses taulées en prépa : pour preuve, les notes dans toutes les matières utilisent souvent toute la gamme... Y compris le haut ! Et ceux qui sont en haut sont loin d'être des extra-terrestres : certains se sentaient même très peu à leur place en début d'année, voire en difficulté.

Sur cette petite note euphorique, je n'ai pas vraiment le temps de savourer mon classement : un autre DS de physique m'attend, et ce dès samedi prochain. Que je sens mal, mais pour de vrai. Ca m'étonnerait que le "niveau" atteint cette fois-ci se maintienne.

La fin se rapproche : le conseil de classe est dans une semaine, on a eu un malaise ce matin dans la classe et ce n'était pas moi (non, moi maintenant je m'évanouis dans ma chambre, c'est plus fun...), et j'ai trouvé LA formation que je veux en sortant de prépa. Je sais où je vais, c'est une bonne chose.

PS : ai-je l'ai suffisamment contente, où dois-je déblatérer pour répondre à celui qui est tombé ici en tapant "journale taupine faut il penser au suicide" sur son moteur de recherche ?

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Commentaires
M
Bravo pour ce résultat mais aussi pour votre année que j'ai suivie article après article !<br /> <br /> BRAVO et BONNES VACANCES, profitez en bien !
H
Héhéhéhé ! <br /> C'est toujours agréable ce sentiment de flottaison qui accompagne la note "moins pire". <br /> Pschiou. <br /> Profite de ce moment de félicité bien mérité !
A
Je ne sais pas si ça va te faire sourire ou te saouler mais...j'aime bien ton blog. Courage c'est bientôt la pause (de 2 mois...).
N
Félicitation ! :)<br /> Au fait, quel est cette formation qui t'interesses tant, et que tu as enfin trouvé ?
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